Jean à Charles : « Franchement tu as abusé sur ton dernier mail ! C’est pas du tout « pro » de me descendre comme ça avec tout le monde en copie ! Il va falloir que tu arranges ça rapidement ! J’exige des excuses ! »
Interloqué, Charles se défend et riposte : « Mais c’est n’est pas ma faute… Tu insinues des choses devant tout le monde et tu t’étonnes que ça soit mal pris ! C’est toi qui devrais réfléchir avant d’écrire ! »
Céline, dérangée par le bruit de ses managés se lève et intervient : « Jean a raison : tu as été trop loin sur ce coup Charles ! Tu ne peux pas tout mettre sur le dos des autres comme ça… »
Reconnaissez-vous ce type de situation ? Si oui, vous savez que ce jeu va continuer : Céline, Jean et Charles vont passer d’alliés à opposants, se reprocher leurs comportements, remarques ou autres silences… et la conversation va tourner en rond jusqu’à ce que l’un craque et se retire en colère ou blessé.
Les 3 rôles principaux de ces mini-drames ont été définis par le psychologue Stephen Karpman auteur du célèbre triangle dramatique (ou triangle de Karpman) : Victime, Persécuteur, Sauveur.
Jeu psychologique
Sur scène, il y a donc 3 rôles ou plutôt 3 positions :
- celle de la Victime (cercle bleu sur l’illustration) où l’on se rend pour se plaindre de sa condition, des actes de son Persécuteur,…
- celle du Persécuteur (cercle rouge) où l’on se rend pour casser du sucre sur le dos de la Victime, l’attaquer
- celle du Sauveur (cercle vert) où l’on se rend pour tenter d’aider la Victime tout en faisant face au Persécuteur
Si un échange/une conversation/une situation de votre vie prend la forme ci-dessus et vous fait passer successivement dans plusieurs de ces positions, alors vous êtes dans un jeu psychologique…
Pas besoin d’être 3 pour créer un jeu. Les positions peuvent être investies à 2, à 3 ou plus. Et ainsi nous passons une grande partie de notre vie à jouer ! Oui, oui, même vous, même moi !
En effet, nous participons à ces « jeux » de manière tout à fait inconsciente pour nous sentir vivant, recevoir des signes de reconnaissance, avoir un contact…
Cela vous semble fou ? Regardez cette vidéo (de l’excellente chaîne youtube « Et tout le monde s’en fout ») qui explique comment s’organise ce beau ballet :
Si le sujet vous intéresse, je vous recommande de jeter un oeil à mon article sur les fondamentaux de l’Analyse Transactionnelle. Vous y découvrirez le mécanisme sur lequel la théorie des jeux est construite, mais aussi que votre « libre-arbitre » n’est pas aussi libre que vous le croyez…
Comment sortir d’un jeu psychologique ?
Tout d’abord il s’agit de reconnaitre qu’on est entré dedans ! Le meilleur moyen, c’est d’être attentif aux signes qui montrent que la discussion s’est transformée en débat / joute de pouvoir :
- hausse de ton,
- passage en mode défensif,
- émotions négatives qui montent (notamment la colère)…
À ce moment là, il est temps de prendre sur vous et de faire un « STOP » mental ! Respirez alors profondément, et prenez un temps de réflexion vis-à-vis de la situation :
- Prenez du recul par rapport à votre émotion : « Quels sont vos besoins profonds non satisfaits qui vous maintiennent dans cette situation ? »
- Sortez de votre tête l’idée que vos interlocuteurs sont de pauvres / odieuses / coupables personnes : ils sont – comme vous – tombés dans le piège du jeu. Vous pouvez alors vous poser la question : « Quels peuvent être leurs besoins profonds non satisfaits ? »
- Laissez de côté votre rancoeur ou envie de sauver la situation et transformez-vous en ordinateur / facilitateur (ou en terme d’Analyse Transactionnelle, investissez votre « état du moi Adulte ») : « Ok… J’ai l’impression qu’on tourne en rond. Je vous propose qu’on fasse une pause et qu’on essaye ensuite de trouver une issue positive à cette situation »
Le chemin d’une vie…
La clé pour sortir d’un de ces jeux est donc un dialogue dépassionné orienté vers la résolution. Ça parait évident écrit comme ça, mais c’est en réalité un véritable challenge : celui de prendre conscience de ses émotions/besoins avant qu’ils ne déclenchent un « raz-de-marée »…
La route vers cette maîtrise n’est pas de tout repos ! Je continue d’ailleurs personnellement à avoir un penchant naturel pour persécuter les décisions dogmatiques qui n’ont pas de sens à mes yeux… Mais je me soigne et les alliés sont nombreux dans cette transformation : Communication Non Violente, coaching, méditation…
Le tout est de prendre conscience que la personne qui a vraiment le pouvoir de tout changer, c’est vous et de faire un premier pas en avant…