Préambule : Les Core Protocols sont un ensemble de pratiques de communication interdépendantes qui peuvent être appliquées pour soi et dans une équipe pour fluidifier les interactions et obtenir de meilleurs résultats en soudant le collectif.
Je vous les présente dans la série « Développer son potentiel avec les Core Protocols ». Vous pouvez également retrouver les textes originaux (sous licence GPL) de leurs fondateurs Jim et Michele MacCarty en cliquant ici.
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Vous entendez probablement beaucoup parler d’intelligence ces derniers temps. L’intelligence émotionnelle, l’intelligence collective… Toutes ces intelligences relationnelles qui – enfin – sont sur le devant de la scène et commencent à être étudiées.
Les Core Protocols sont des outils qui font assurément partie de ces techniques collectives qui améliorent grandement la vie et le travail en équipe… Dans cet article, je vous invite à (re)découvrir un des plus basiques de ces outils, mais également un des plus puissants… La Demande d’Aide.
Faites appel au plus efficace des outils collaboratifs : l’entraide !
Imaginez…
Vous vous dirigez vers la salle de réunion où vous allez animer un atelier pour une équipe dans 10 min… Dans votre tête, tout est prévu : vous avez préparé une simulation ludique et une présentation claire et synthétique des points clés à retenir… parfait !
Mais en arrivant dans la salle, catastrophe ! Vous découvrez que 30 tables sont présentes, disposées en mode « salle de classe ». Une des personnes de l’équipe est d’ailleurs déjà présente, assise au dernier rang en train de pianoter sur son ordinateur…
En votre for intérieur, la pression monte : La disposition est incompatible avec votre atelier et vous devez donc réaménager toute la salle pour retirer les tables, tout en préparant le paperboard et en ajustant le vidéoprojecteur pour votre présentation… Le tout en moins de 10 minutes…
Vous vous en doutez, cette situation sent le vécu ! (Et les facilitateurs qui savent ô combien la logistique peut être importante dans un atelier collaboratif y reconnaîtront peut-être un de leurs cauchemars…).
Cette scène est un exemple d’une des nombreuses situations où il n’est pas possible de réussir à tout faire dans le temps imparti… à moins de demander de l’aide ! Et ça tombe bien car pour cela, les Core Protolols ont un outil dédié…
Ask For Help : Mode d’emploi
Pour demander de l’aide de manière efficace, les Core Protocols définissent 3 étapes :
- Demander à la personne qui peut potentiellement vous aider : « [PRÉNOM], peux-tu [DEMANDE] ? »
- Donner toutes les précisions nécessaires concernant votre demande. Par exemple, l’aide concrète dont vous avez besoin, la finalité que vous visez, là où l’aide peut s’arrêter, les contraintes possibles qui pourraient survenir, etc. En somme : tout ce qui peut aider l’autre personne à savoir si elle pourra vous aider !
- Une fois ces informations partagées, l’aidant potentiel répond alors par « Oui », « Non » ou par une proposition d’aide alternative
Et c’est tout ! Un protocole simple et efficace !
Un exemple de Ask For Help (AFH)
Notre facilitateur coincé avec la réorganisation de sa salle pourrait donc décider de faire une demande d’aide à la personne déjà présente de cette manière :
Nous allons avoir besoin de cet espace pour dérouler notre atelier de tout à l’heure. [FINALITÉ]
Pour ça, il faudrait retirer et empiler toutes les tables au fond de la salle et faire un grand cercle avec les chaises. [AIDE CONCRÈTE]
À deux, ça pourrait prendre 5 minutes. [CONTRAINTE]
Est-ce possible pour vous ?
Une fois cette demande claire posée, à moins d’une urgence à gérer, il est peu probable que ce participant préfère rester en tête à tête avec son ordinateur !
Pourquoi est-ce utile ?
Le protocole Ask For Help est à mon sens particulièrement utile pour 3 raisons :
- De manière évidente, il permet au demandeur de gagner du temps tout en utilisant au mieux le potentiel et les talents de chacun. Et dans nos contextes où le temps est souvent la denrée la plus rare et la plus précieuse que nous ayons, ça n’est pas rien !
- Ensuite, il donne un canevas simple pour formuler des demandes claires et efficaces. Finies ici les demandes floues où vous avez l’impression que si vous donnez votre main, vous allez vous faire arracher le bras. En précisant ce que nous attendons exactement, nous nous assurons non seulement d’obtenir l’aide escomptée, mais aussi de l’accord entier de la personne qui accepte de la donner
- Enfin, ce protocole permet de décomplexer la demande d’aide. En effet, dans une équipe qui utilise le « AFH », on ne s’excuse pas de demander, on demande, tout simplement, tout en considérant que si on ne peut pas vous aider, on vous le dira. Une belle école de la communication donc… mais aussi de la responsabilité personnelle !
Quand l’utiliser ?
J’aime particulièrement la phrase suivante du texte original des Core Protocols qui donne un début de réponse à cette question : « Demander de l’aide en période de difficultés indique que l’on a attendu trop longtemps ; Demandez donc de l’aide lorsque ça va bien ! »
De manière courte donc : N’attendez pas et utilisez le AFH dès que le besoin se fait sentir pour toute demande d’aide :
- pour trouver une information,
- pour réaliser une tâche complexe,
- pour avoir un avis sur votre travail (voir le protocole Perfection Game),
- pour bénéficier du talent particulier d’un proche,
- etc.
Astuce n°1 : Une fois à l’aise avec le fait d’aller chercher de l’aide, vous pouvez même demander de l’aide à un grand nombre de personnes à la fois ! Dans mon ancienne activité, il était par exemple commun de recevoir des emails dont le titre commençait par « [AFH] » et s’adressant à toute l’entreprise pour demander une aide sur un sujet particulier !
C’est une pratique qui peut choquer et/ou ne pas s’adapter aux très grandes structures, certes ! Mais d’un autre côté, c’est également un moyen radicalement efficace pour se sortir d’une situation compliquée rapidement ! À adapter selon les cultures d’entreprise donc…
Astuce n°2 : Une autre pratique étonnante – à première vue – consiste à demander de l’aide à des personnes non expertes de votre sujet ! Pourquoi ? Parce que ce sont ces personnes là qui vous aideront le mieux à prendre du recul sur votre situation par leurs questions naïves et leurs idées « Out of the Box ». D’ailleurs, rien qu’en formulant votre problématique de manière à ce qu’ils la comprennent, il se peut que vous le redécouvriez d’un nouvel oeil et que vous trouviez vous-même une solution !
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Précautions d’usage
Être au clair sur son besoin
Pouvoir demander de l’aide librement n’exclut pas de le faire correctement ! Aussi, avant demander un coup de main, il est recommandé de toujours se poser la question « De quelle aide concrète ai-je besoin ? » , ce afin de pouvoir la formuler aussi clairement que possible à vos interlocuteurs.
Et si vous ne savez pas exactement quelle aide vous serait bénéfique, pas de problème : Vous pouvez demander à quelqu’un de vous aider à le trouver ! Dites par exemple : « Je ne suis pas sûr de quelle aide j’ai besoin, mais peux-tu m’aider à le découvrir ? » et voyez ce qui arrive !
Faire sa demande au bon moment
Une fois que vous savez quel est votre besoin, il vous reste une question à vous poser : « Est-ce le bon moment pour moi pour faire cette demande ? »
Si en effet il n’est pas possible pour vous de vous engager présentement avec la personne qui vous aide pour avancer, peut-être devriez-vous envisager de différer votre requête…
Savoir dire « Non » !
Enfin, nous l’avons vu précédemment : le texte de MacCarthy préconise de ne pas s’excuser de demander de l’aide et de « partir du principe que les personnes aidantes sont disponibles et qu’elles assument complètement de dire Non« .
Dire « Non » est donc ici un droit primordial pour chacun, et même un devoir quand le besoin se présente ! Car même si nous essayons d’aider au mieux, il ne s’agit pas de s’oublier et de le faire à son propre détriment !
Ainsi, dans les cas où vous n’avez pas d’alternative d’aide à proposer, et où vous n’avez pas l’envie ou la possiblité d’aider, sentez-vous libre de dire – poliment – : « Non ». Et ce, sans donner de justification.
Le demandeur se doit alors d’accepter le refus sans questionnements, et sans le prendre personnellement (voir le 2e Accord Toltèque). Un beau challenge à relever, pas vrai ?
Un dernier mot pour les personnes qui interagissent dans un milieu non habitué aux Core Protocols : Je rajoute souvent à la fin de mes demandes un « Et c’est ok si tu ne peux pas m’aider… Sens-toi libre de dire Non ». Même si ça me coûte (car j’ai a priori vraiment besoin de cette aide), c’est un moyen efficace d’aider l’autre à se positionner librement, mais également de me rappeler que ma demande d’aide peut être refusée… et que si c’est le cas, je dois l’accepter !
Pour aller plus loin avec les Core Protocols
Voilà un nouvel outil de plus dans votre mallette des Core Protocols ! J’espère que vous en ferez bon usage et que – surtout – vous oserez demander de l’aide avant d’être trop en difficulté ! C’est – je dois l’avouer – une de mes tendances sur laquelle j’ai encore du chemin à faire !
Je me propose d’ailleurs pour conclure de montrer l’exemple en vous faisant une demande d’aide :
À vous de jouer ! 😉
PS : Pour en savoir plus sur les Core Protocols, et notamment comment vous pouvez les combiner les uns avec les autres, je vous invite à consulter les autres articles de cette série « Développer son potentiel avec les Core Protocols » !